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G7 environnement : les 7 mesures incontournables

Dernière mise à jour : 28 mai 2021

1- Renforcer l’ambition climatique des pays du G7 avant 2020

À la suite de la publication du rapport spécial du GIEC sur l’objectif de 1,5°C, et du Dialogue Talanoa à la COP24, les pays du G7 doivent concrétiser de manière urgente leur attachement à appliquer l’accord de Paris et amplifier leurs engagements climatiques d’ici à 2020. En effet, ils disposeront de l’ensemble des données scientifiques et politiques pour combler l’écart actuel entre les promesses climatiques et les trajectoires de réductions d’émissions de gaz à effet de serre compatibles avec l’accord de Paris. En amont du Sommet sur le climat du Secrétaire Général des Nations Unies, le G7 est donc l’occasion d’accueillir favorablement les résultats du rapport du GIEC et du Dialogue Talanoa et de s’engager à aligner les politiques climatiques avec l’objectif de 1,5°C en révisant à la hausse les contributions déterminées au niveau national (CDN) avant 2020. De même, les politiques climatiques et énergétiques des pays du G7 doivent être mises en cohérence sur le long terme avec les objectifs de l’accord de Paris. Les pays du G7 doivent ainsi honorer leur engagement d’élaborer d’ici à 2020 leur stratégie de long terme, en visant une neutralité tous gaz à effet de serre avant la moitié du siècle.

2- Augmenter les financements climatiques et accélérer la réorientation des flux financiers vers la transition énergétique

La coopération internationale est indispensable pour assurer une application complète de l’accord de Paris dans l’ensemble des pays. Ainsi, les pays du G7 doivent réaffirmer leur promesse collective de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour l’action climatique dans les pays en développement. Ils doivent de plus s’engager à augmenter de manière significative les financements pour l’adaptation aux changements climatiques, afin d’atteindre un équilibre entre les financements pour l’atténuation et l’adaptation, et les financements à destination des Pays les Moins Avancés, dont la part doit atteindre 25% des financements totaux. Dans le cadre de la recapitalisation du Fonds Vert pour le climat, les pays du G7 doivent être prêts à augmenter significativement leurs contributions respectives.

Parce que les femmes sont davantage affectées par les changements climatiques mais également des actrices fondamentales dans cette lutte, les pays du G7 doivent s’engager à augmenter significativement leurs financements climatiques ayant également pour objectif la réduction des inégalités de genre. Ils doivent aussi s’engager à faciliter l’accès direct à ces financements pour mener des projets à petite échelle.

Afin d’accélérer la réorientation complète des flux financiers vers la transition énergétique, les pays du G7 doivent encourager les banques bilatérales de développement membres de l’IDFC et les banques multilatérales de développement à rendre leurs activités compatibles avec l’accord de Paris, et assurer que des standards communs et robustes soient définis pour assurer cette compatibilité. Ces standards devront inclure, en particulier, la fin des soutiens publics aux énergies fossiles, incompatibles avec la limitation du réchauffement global bien en deçà de 2°C puis 1,5°C.

En parallèle, les banques multilatérales de développement devraient être incitées à augmenter de manière substantielle leurs financements aux énergies renouvelables et aux projets visant à augmenter la résilience et la capacité d’adaptation des populations les plus vulnérables.

Enfin, forte de son expérience liée à la mise en application de l’article 173 de la loi de transition énergétique, la Présidence française doit encourager les pays du G7 à envoyer un signal fort aux investisseurs financiers et les entreprises, afin que les risques climatiques soient mieux intégrés dans leurs activités et leurs stratégies, et que l’exposition à ces risques soit communiquée de manière transparente. Les pays du G7 devraient ainsi rendre obligatoires que les entreprises, y compris les sociétés financières, mesurent et divulguent les risques climatiques et leurs impacts climatiques conformément aux recommandations de la Taskforce on Climate related Financial Disclosure (TCFD) et établir des critères de rapportages minimums pour l’ensemble des acteurs impliqués.

3- Promouvoir des actions climatiques inclusives et justes

Les pays du G7 doivent promouvoir une approche inclusive de la transition vers des sociétés résilientes et bas carbone. Ainsi, les pays du G7 doivent reconnaître les besoins spécifiques des populations les plus vulnérables et mener des politiques climatiques et énergétiques qui promeuvent l’égalité de genre, les droits humains et les droits des peuples autochtones, protègent la biodiversité et les écosystèmes mais aussi la sécurité alimentaire, après une nouvelle hausse des chiffres de la faim dans le monde. Les pays du G7 pourraient intégrer ces éléments dans leurs Contributions Déterminées au niveau National révisées, comme l’ont déjà fait d’autres Parties à la CCNUCC.

Dans la continuité du G7 canadien, le G7 français doit réaffirmer l’attachement à la transition juste comme principe clé de la transition énergétique, afin de garantir une reconversion progressive du secteur énergétique et l’acceptabilité sociale des politiques climatiques. Les pays du G7 devraient en particulier reconnaître et appliquer les “Principes pour une transition juste vers des économies et sociétés durables pour tous” de l’Organisation Internationale du Travail.

4- Produire des feuilles de route précises sur la fin des subventions aux énergies fossiles

Pour honorer leur engagement de mettre un terme aux subventions aux énergies fossiles d’ici à 2025, les pays du G7 devront s’engager à communiquer au plus vite des feuilles de routes de sortie de ces subventions, en prévoyant une sortie accélérée des subventions et niches fiscales les plus dommageables au climat. La préparation des feuilles de route pourrait s’appuyer sur l’exercice de revue par les pairs déjà engagé dans le cadre du G20, et se baser sur une méthodologie robuste d’évaluation des parts “vertes” et “brunes” des budgets, à définir dans le cadre du projet collaboratif sur les Budgets Verts porté par l’OCDE et soutenu par la France. Ces réformes fiscales devraient être accompagnées des mesures qui permettront de rendre le verdissement des budgets juste socialement pour les populations les plus vulnérables.

5- Sortir des énergies fossiles et accélérer la transition énergétique

Face à l’urgence climatique et reconnaissant la contribution avérée des énergies fossiles dans l’accélération de ces changements, les pays du G7 doivent poursuivre la sortie du charbon et encourager les pays et les acteurs économiques à rejoindre l’alliance “Powering past coal” sur la sortie du charbon, tout en revêtant l’initiative de critères et d’engagements robustes pour l’ensemble des acteurs impliqués. Reconnaissant le potentiel particulièrement émetteur du gaz fossile (86 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 20 ans selon le GIEC) et ses limites en tant qu’énergie de transition, les pays du G7 devraient explorer les possibilités de réduire puis mettre un terme à tout financement public aux nouveaux projets d’infrastructures gazières.

Les pays du G7 doivent par ailleurs s’engager à accélérer substantiellement le déploiement des énergies renouvelables, des mesures d’efficacité énergétique et des réformes sectorielles qui permettront l’accélération des réductions d’émissions de gaz à effet de serre, tout en présentant des co-bénéfices pour l’environnement et le développement durable. Les pays du G7 doivent continuer à soutenir l’opérationnalisation robuste et équilibrée des initiatives qui promeuvent le déploiement des énergies renouvelables dans le monde, comme l’initiative africaine sur les énergies renouvelables ou l’alliance solaire internationale.

6- Réguler le commerce international pour le rendre compatible avec la transition énergétique

Le G7 doit marquer un tournant dans la mondialisation en permettant une meilleure régulation des échanges et en promouvant un système commercial international compatible avec l’accord de Paris. Le contexte international actuel de remise en cause des règles commerciales doit faire du commerce une garantie du respect des engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris. Ainsi, son respect doit devenir une condition sine qua non pour l’octroi et le maintien d’avantages commerciaux dans les accords de commerce bilatéraux. Cela passe forcément par leur assujettissement au respect effectif de l’accord de Paris en mettant en place une clause de suspension du CETA, du JEFTA et de tout les accord de commerce et d’investissement dont les pays du G7 seront signataires. Afin d’assurer une intégration effective de la dimension climatique au sein des règles du commerce mondial, la clause de suspension doit s’appliquer en cas de retrait de l’accord de Paris ou de la Convention Cadre des nations unies sur le changement climatique mais aussi en cas de non respect par les Parties aux obligations prévues au niveau national (NDC) ainsi que leur révision à la hausse prévue tous les cinq ans.

Par ailleurs les dispositions climaticides inscrites dans le CETA et les autres accords en cours de préparation doivent être retirées comme par exemple la suppression du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États ou a minima la mise en place d’un veto climatique pour exclure automatiquement toutes les mesures adoptées par une partie à l’accord de Paris, relatives à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre ; l’adoption d’une définition plus restrictive des investissements couverts ; un encadrement accru de la protection des investisseurs qui pourrait se limiter aux cas de discrimination manifeste, de déni de justice ou d’expropriation directe non compensée.

7- Protéger et restaurer les forêts et les océans

Le rapport du GIEC 1,5 ° C souligne l’importance de la préservation et de la restauration des puits de carbone naturels, tels que les forêts, les océans et d’autres écosystèmes cruciaux. Les membres du G7 doivent s’engager à adopter des plans nationaux de lutte contre la déforestation, y compris la déforestation importée, en combattant l’importation de produits liés à la déforestation, et à restaurer les forêts dégradées. Ces plans devraient inclure des mesures contraignantes et des restrictions, en particulier pour empêcher l’accès au marché de produits liés à la déforestation dans les pays exportateurs. Ce faisant, les dirigeants du G7 doivent montrer la voie à suivre pour atteindre l’objectif SDG 15.2 et « promouvoir la gestion des forêts, mettre fin à la déforestation, restaurer les forêts dégradées et augmenter de manière significative le boisement et le reboisement à l’échelle mondiale » d’ici 2020.

Suite à l’adoption de la Charte sur les plastiques dans les océans en 2018, les dirigeants du G7 doivent poursuivre leurs efforts pour protéger les puits de carbone critiques des océans et accroître leur résilience. Les dirigeants du G7 ont une occasion historique de manifester rapidement leur soutien à l’adoption du Traité mondial sur les océans en cours de négociation dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) et visant à protéger les océans des effets cumulatifs des activités industrielles, de la pollution, et du changement climatique. De plus, le G7 peut promouvoir la création et la mise en œuvre collectives d’aires protégées dans les eaux internationales. Ce faisant, les pays membres du G7 franchiront des étapes décisives pour la protection des puits de carbone naturels et des bassins de biodiversité critiques.

Alors que la Charte sur les plastiques dans les océans représente une voie à suivre, les pays du G7 doivent continuer à partager les meilleures pratiques en matière de réduction de la pollution par les plastiques. Ils doivent également s’engager à mettre en œuvre la Charte au niveau national en élaborant des stratégies contraignantes, assorties d’objectifs plus ambitieux que ceux convenus lors du sommet des chefs d’Etat au Canada en 2018.

Le G7 doit reconnaître le rôle des communautés locales dans la lutte contre les déchets marins et reconnaître la nécessité de renforcer leur soutien en consolidant les capacités de gestion des déchets, en utilisant des stratégies d’économie circulaire, ainsi qu’en recyclant et en éliminant les débris afin de réduire les impacts écologiques et climatiques des plastiques. Le G7 doit reconnaître la dépendance humaine vis-à-vis des écosystèmes marins et le risque de perte des écosystèmes marins et côtiers, de la biodiversité et des services écosystémiques fournis par nos océans dans les régions arctiques et tropicales.

Enfin, le G7 doit reconnaître les progrès du prochain rapport spécial du GIEC sur les océans et la cryosphère dans un climat en mutation, et encourager les communautés autochtones à apporter leur contribution.




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